Le patrimoine naturel des étangs de Sologne bourbonnaise

 

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Illustration de l'étang de la Racherie © CEN Allier.

 

 

Au nord-est du département de l'Allier s'étend une région bocagère entre les vals de Loire et d'Allier que l'on nomme la "Sologne bourbonnaise" et qui se caractérise par la présence de nombreux étangs dont la plupart sont très anciens (Moyen-âge). Situé au carrefour d'influences climatiques atlantique et continentale, ce territoire à dominante rurale héberge un patrimoine naturel d'une importante richesse en termes de diversité. Cela s'exprime en raison d'une mosaïque de milieux naturels diversifiés, abritant une faune et une flore tout aussi variées.

La présence d'habitats naturels et d'habitats d'espèces animales et végétales décrites d'intérêt européen de part leur rareté est à l'origine de l'intégration des étangs de Sologne bourbonnaise au sein du réseau écologique européen des sites Natura 2000.

 

 


Les espèces d'intérêt communautaire

 

Ce site se compose d'une multitude de milieux naturels à l'origine d'une grande diversité d'espèces. 4 espèces animales et 1 espèce végétale, inscrites en annexe 2 de la Directive européenne 'Habitats-Faune-Flore" (Directive cadrant la désignation du site) sont à ce jour recensées au sein et en pourtour des étangs du site Natura 2000 :

*Marsilée à quatre feuilles (Marsilea quadrifolia)

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Illustration de la marsilée à quatre feuilles (Marsilea quadrifolia) © CEN Allier.

 

 

La marsilée à quatre feuilles est la seule plante d'intérêt communautaire qui a été recensée sur le site. Cette fougère aquatique et herbacée pousse en bordure des étangs, des mares, des fossés, des canaux et des bras morts qui présentent des variations de leur niveau d'eau. 

Cette plante pionnière s’accommode mal de la concurrence d'autres espèces végétales. Sur le site Natura 2000, elle est répertoriée sur 2 plans d'eau. La marsilée à quatre feuilles est inscrite sur la liste rouge de la flore menacée de France (espèce prioritaire) ainsi que sur la liste rouge des espèces menacées d'Auvergne ("en danger critique d'extinction"). 

Elle bénéficie également d'un statut de protection à l'échelle nationale. 

 

 

Il s'agit en effet d'une espèce très rare en Auvergne, localisée uniquement dans le sud de la Sologne bourbonnaise, le Val d'Allier, la basse vallée de la Dore et les Varennes (d'après le Conservatoire botanique national du Massif central). L'état de conservation sur l'ensemble de la région Auvergne est très défavorable, car elle est en forte régression dans le Val d'Allier et les Varennes. Elle est fortement menacée par la concurrence de la jussie (Ludwigia spp.) espèce exotique envahissante qui envahit les milieux qu'elle occupe.

Le territoire de la Sologne Bourbonnaise a une forte responsabilité de conservation de cette marsilée à quatre feuilles, du moins à l'échelle régionale.

 

*Cistude d'Europe (Emys orbicularis)

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Illustration de la cistude d'Europe (Emys orbicularis) © CEN Allier.

 

La cistude d'Europe est une petite tortue des eaux douces à légèrement saumâtres. Elle est répertoriée de longue date en Auvergne (fin du XIXème siècle), cependant, seul le département de l'Allier abrite à ce jour des populations viables et pérennes. Cette dernière est présente à l'échelle de la Sologne bourbonnaise sur plus de 120 étangs. Elle est confirmée sur 9 des 11 entités du site Natura 2000. 6 zones de ponte (représentant 9,3 ha) ont été identifiés, ainsi qu'une zone d'hivernage (d'une surface d'environ 0,16 ha). En période d'activité, la cistude prend des bains de soleil réguliers et essentiels à sa thermorégulation (activité vitale car cela conditionne son efficacité pour la recherche de nourriture et pour la reproduction).

La cistude pond de 3 à 13 œufs dans un trou profond d'une dizaine de centimètres qu'elle creuse avec ses pattes arrière. La cistude hiverne d'octobre à mars sous la vase (dans les étangs, en bord de roselière le plus souvent).

 

*Castor d'Europe (Castor fiber)

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Traces de castor d'Europe (Castor fiber) © CEN Allier.

 

Le castor d'Europe est présent sur le site Natura 2000 des étangs de Sologne bourbonnaise. Il est connu dans le département de l'Allier depuis le début des années 1990, avec des indices sur la commune de Château-sur-Allier (Brugière, comm. pers.). 

Le castor a progressé sur la rivière Allier, en seulement une dizaine d'années, où il a colonisé entièrement le département du nord au sud. L'espère s'est également installée sur certains plans d'eau, en remontant le réseau hydrographique. 

 

 

En une vingtaine d'années, une quinzaine de constats de déprédation ont été réalisés par les agents chargés du suivi de l'espèce à l'Office français de la biodiversité. Les principaux problèmes rencontrés vis-à-vis du castor demeurent les dommages sur les plantations (principalement peupleraies) et les barrages (problèmes d'inondations).

      

*Autres espèces d'intérêt communautaire

Les boisements et le maillage bocager de la Sologne bourbonnaise abritent deux espèces de coléoptères saproxyliques d'intérêt européen et inféodés aux arbres dépérissant : le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) et le grand capricorne (Cerambyx cerdo). 

Les milieux humides de la Sologne bourbonnaise abritent aussi une espèce d'amphibien, le triton crêté (Triturus cristatus), espèce considérée comme quasi-menacée en région. 


Les habitats naturels d'intérêt communautaire

 

L'ensemble des étangs compris au sein du site Natura 2000 abritent 7 milieux naturels d'intérêt européen, pour une superficie de 10,92 ha (ils ne représentent donc que 2,4% sur l'ensemble de la zone N2000, cela traduit leur degré de rareté) :

*(3110) Communautés amphibies pérennes septentrionales avec végétation des Littorellatea uniflorae

Cet habitat est constitué d'un gazon amphibie vivace à pilulaire à globules (Pilularia globulifera). Ce gazon a été observé uniquement sur l'étang du Champbon (Dompierre-sur-Besbre) en 2022.

 

*(3130) Eaux stagnantes, oligotrophes à mésotrophes avec végétation des Littorellatea uniflorae et Juncetea bufonii

Cet habitat est constitué de plantes annuelles pionnières sur les rives exondées des étangs. Dans ce milieu, on peut notamment observer des végétations à pourpier d'eau (Lythrum portula), marsilée à quatre feuilles (Marsilea quadrifolia), jonc des crapauds (Juncus bufonius) et ludwigie des marais (Ludwigia palustris). Elle présente également une végétation amphibie à scirpe épingle (Eleocharis acicularis) et une pelouse annuelle amphibie à pourpier d'eau et scirpe à inflorescence ovoïde (Eleocharis ovata).

 

*(3140) Les eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à characées (Chara spp.)

Cet habitat correspond à des herbiers enracinées, pionniers eux aussi et situés en pleine eau.

 

*(3150) Les lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou de l'Hydrocharition 
Il s'agit ici aussi d'herbiers aquatiques à riccies, naïades, potamot crépu ou utriculaires et des végétations aquatiques eutrophes à lentilles d'eau. Ces herbiers représentent très peu de surface sur les étangs par rapport aux zones d'eau libre.

 

*(4010) Les landes humides à Erica tetralix
Ce milieu n'a été répertorié que sur certains étangs (étang Notre Dame et étang de la fin). On peut l'observer en bordure immédiates des étangs, en mélange avec la molinie bleue et l'ajonc nain.

 

*(6410) Les prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux
Cette zone de prairie para-tourbeuse a été recensée sur l'étang de Chevennes (Chapeau). Elle se compose d'un bas-marais et marais de transition à genêt à balais (Cytisus scoparius) et molinie bleue (Molinia caerulea).

 

*(6430) Mégaphorbiaies mésotrophes colinéennes (Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae)

Cet habitat se compose d'une mégaphorbiaie collinéenne acidiphile à angélique des bois (Angelica sylvestris) et scirpe des bois (Scirpus sylvaticus). Cet habitat a été observé sur l'étang de Chevennes (Chapeau) en 2019.

 

*(6510) Les pelouses maigres de fauche de basse altitude
Cet habitat correspond à une prairie de fauche collinéenne caractérisé par la présence de graminées hautes telles que la houlque laineuse, les fétuques, le vulpin des prés ou la flouve odorante. On observe aussi de nombreuses plantes à fleurs au sein de ces prairies : la knautie des champs, le fromental élevé, la centaurée jacée ou la vesce commune.

 

*(9190) Les vieilles chênaies acidiphiles des plaines à Quercus robur
Ce milieu est présent sur les bordures d'étangs de manière éparse. La molinie bleue est présente en sous-bois. On observe les chênes en mélange avec les bouleaux et la bourdaine.

 

D'autres habitats ne relevant pas de la Directive Habitat Natura 2000 sont aussi présents sur la zone. On peut notamment voir de nombreux herbiers flottants (à nénuphars jaune ou à renouée amphibie), des jonchaies (à joncs épars et laiche vésiculeuse) ou des aulnaies et saulaies marécageuses.

Plus d'informations sur le site du Conservatoire botanique national du Massif central en cliquant ici.

 

 

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Illustration de l'étang de la Racherie (St-Gérand-de-Vaux) © CEN Allier.

 

 

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Illustration de l'étang Picuze (Dompierre-sur-Besbre) © CEN Allier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Triturus cristatus (© Romain Deschamps - CEN Allier)

Illustration d'un triton crêté (Triturus cristatus) © CEN Allier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Illustration du grand capricorne (Cerambyx cerdo) © CEN Allier.

 

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Illustration du lucane cerf-volant (Lucanus cervus) © CEN Allier.